Le tourisme d’aventure propose des activités de découverte et d'interprétation de la nature qui permet à la personne qui en bénéficie de mieux connaître les enjeux liées à l’exploitation et la conservation des ressources naturelles du territoire visité. Dans la Région des lacs au Chili, le fjord Reloncaví, que j’ai la chance de pouvoir guider cette saison avec des gens du monde entier, est manifestement un endroit très populaire pour les activités de kayak de mer étant donné son accessibilité et sa proximité des centres touristiques comme Puerto Montt et Puerto Varas. En tentant de rassembler et d’approfondir certains sujets de nature géographique liés au fjord en question, je suis tombé sur un article scientifique pertinent rassemblant à la fois des informations générales permettant de mieux connaître ce magnifique environnement de travail et des observations très techniques permettant de mieux comprendre la circulation des eaux dans les fjords chiliens. Il s’agit de la première du genre dans les eaux du Reloncaví. J’aimerais ici proposer une vulgarisation résumée et traduction libre des extraits de cet article, ainsi que quelques points de référence pour le lecteur curieux de la région qu’il visite. Voici donc le premier des trois articles concernant le sujet.
Cet article publié originalement en anglais en 2007 a été écrit par un collectif de chercheurs des États-Unis et du Chili, dont Jorge Leon de la faculté des pêcheries et d’océanographie de l’Université australe du Chili (voir la référence au bas). Partant du constant d’une étude antérieur de Leon ayant observé une hypoxie, c.à-d. un manque d’oxygène, dans les eaux de surface de la mer intérieure chilienne (ce terme n’est pas décrit, mais quiconque se référant à une carte du pays observe qu’il existe bien une mer intérieure entre le continent et l’île de Chiloé dans sa partie la plus nordique, dont les fjords patagoniens font partie), cette nouvelle étude cherche à en connaître la cause en étudiant l’hydrographie et la vitesse des courants dans le fjord. Bien sûr, les chercheurs espèrent que les résultats obtenus leur permettent de comprendre mieux la relation entre l’élevage intensif du saumon qui se fait dans cette partie du monde et l’hypoxie des eaux de surface. Commençons tout d’abord par donner quelques informations intéressantes sur la masse d’eau étudiée.
Quelques chiffres sur le fjord
Le fjord de Reloncaví est le plus nordique d’Amérique du sud. Situé à 41,6 degrés sud, il est l’un des plus près de l’équateur dans le monde. Il a une longueur de 55 kilomètres et une largeur de moins de trois kilomètres au point le plus large. Il reçoit la décharge de trois principales rivières. À sa tête, le Petrohue lui apporte une moyenne annuelle de 280 m³/s. À la hauteur du village de Cochamó, la rivière Cochamó déverse une moyenne annuelle de 20m³/s seulement. La rivière Puelo en revanche, la troisième plus importante rivière du Chili, lui apporte une décharge de 650 m³/s en moyenne. Le débit de cette rivière varie selon les saisons entre 300 m³/s et 900 m³/s. On comprend ainsi mieux pourquoi elle a fait l’objet d’un projet hydro-électrique d’envergure, contesté par une partie de la population et finalement mis sur la glace. La pluie, omniprésente dans cette région (2 mètres par année), qui tombe directement dans la fjord constitue un apport de 11 m³/s, toujours selon la moyenne annuelle.
L’article nous fournit une carte décrivant la profondeur du fjord qui atteint plus de 400 mètres dans sa partie la plus près de l’embouchure. On remarque à l’embouchure que deux collines sous-marines atteignant une hauteur de plus de 200 mètres sous le niveau de la mer, ce qui pourrait s’apparenter à une moraine, laissé par le passage du glacier ayant formé le fjord. La profondeur va tranquillement en s’amenuisant vers le fond du fjord, dans la baie de Ralun, où elle atteint seulement vingt mètres. Dans la partie naviguée lors de nos excursions en kayak, la profondeur est de plus de 150 mètres entre Cochamó et Puelo, et de plus de 75 mètres dans la partie plus étroite entre Cochamo et la pointe de la péninsule de Rollizo. Il faut préciser que de nature, la profondeur d’un fjord augmente très rapidement en s’éloignant de la rive vers le centre. Cette dernière observation exclue la partie près de l’embouchure du Puelo, où le dépôt de sédiments provenant de la rivière permet une dénivellation moins prononcée. Cette caractéristique géographique se situe dans le coude du fjord, la où il courbe passant d’une orientation nord-sud vers une orientation est-ouest, s’ouvrant ainsi vers le Seno Reloncavi. C’est d’ailleurs le lieu où l’étude des courants s’est produite.
Faut-il préciser les fortes marées semi-diurnes (deux fois par jour) dans le fjord, pouvant atteindre entre 6 et 7 mètres lors des marées de vive-eau et diminuant jusqu’à 1 mètre lors des marées mortes. Pour en connaître davantage sur l'océanographie appliquée au fjord Reloncaví, restez attentif à la publication prochaine des suites de ce résumé de l'étude en question.
Sources:
LEÓN, Jorge, Anorldo Valle-Levinson, Nandita Sarkar, Rosario Sanay, Doris Soto, «Spatial Structure of Hydrography and Flow in a Chilean Fjord, Estuario Reloncaví », Estuaries ans Coasts, vol. 30, n° 1, février 2007, p. 113-126.